"À l’origine, le terme "zombi", ou "nzambi" en langues africaines, faisait référence à l’esprit d’un défunt ou à une entité spirituelle. Lors de la traite des esclaves, ce concept évolue sous l’influence de croyances africaines, caribéennes et catholiques pour devenir en Haïti un symbole de captivité et d’effacement de l’identité, souvent associé à la souffrance des esclaves déportés et à leur lutte pour la liberté. En tant que figure vaudoue, le "zombi" représente l’ultime soumission : une existence sans libre arbitre, détenue par un "bokor" (prêtre vaudou spécialisé dans la magie noire), qui asservit son "zombi" dans un état d’hébétude."
La permanence de cette figure de la dépossession de soi et de l’aliénation radicale dans les récits collectifs d'une société autrefois victime de l'esclavage ouvre une fenêtre vertigineuse sur la manière dont les traumatismes, les peurs et les douleurs se transmettent par les mots d'une génération à l'autre, pesant sans cesse ni répit sur la vie des hommes.
Commissariat : Philippe Charlier, directeur du Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie (LAAB), UFR Simone Veil - santé (UVSQ / Paris-Saclay)
Lilas Desquiron, ethnologue, écrivaine, ancienne ministre de la Culture en Haïti, ancienne ministre conseiller, déléguée d’Haïti auprès de l’Unesco
Erol Josué, directeur général du Bureau national d’ethnologie de Port-au-Prince en Haïti, artiste et prêtre vaudou, Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie (LAAB), UFR Simone Veil-santé (UVSQ/Paris-Saclay)