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Tout idéal est une volonté de maîtriser le réel pour en éradiquer les aléas, les vicissitudes et les incertitudes. Bien sûr, face à un réel par essence chaotique, vague, indéterminé, incertain, changeant, tout aussi impénétrable qu’insaisissable, une telle volonté de maîtrise est inexorablement condamnée à l’échec.

Pour les adeptes d’une secte qui ont construit leurs identités et leurs existences autour de la quête d’un idéal, son échec aussi inévitable que prévisible ouvre une crise existentielle qui ébranle leurs croyances, invalide leurs engagements et menace leur raison d’être.
Les adeptes les plus impliqués ou les plus sincères n’ont alors d’autres ressources que d’attribuer cet échec à des forces extérieures à la communauté, aussi occultes que maléfiques : le système, le pouvoir, les dissidents…

Cette stratégie du déni exacerbe la radicalisation et la paranoïa des adeptes : tout manque d’enthousiasme, toute critique, tout obstacle est dorénavant interprété comme une manœuvre orchestrée par l’ennemi.
La radicalisation, la polarisation et la paranoïa croissantes empêchent les adeptes d’élaborer les compromis nécessaires à la réussite de leurs projets, en précipitant l'échec, ce qui, en retour, légitime leur polarisation et accroit leur radicalisation. La dérive sectaire se nourrit d’elle-même.

Les leaders de la secte alimentent en permanence cette mécanique délétère en fustigeant l’engagement insuffisant des adeptes, en dénonçant de nouveaux ennemis, en orchestrant les crises, les scandales et les purges leur permettant de justifier leurs propres échecs et d’isoler la communauté tout en renforçant leur emprise sur ses membres.
La secte finit par fonctionner sur la base de dynamiques totalement opaques, inintelligibles et imprévisibles, en complète contradiction avec ses discours propagandistes et les idéaux et valeurs qu’elle professe.

Les adeptes vivent ainsi dans un monde hostile, infesté d’entités malveillantes et d’ennemis indiscernables, déchirés entre les discours propagandistes de la secte auxquels ils sont viscéralement attachés et les pratiques perverses, destructrices, irrationnelles et contre-productives dont ils sont victimes. Discours propagandistes et pratiques perverses dont la réinterprétation et la rationalisation finiront par constituer leur propre idéologie.
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