Ses toiles monumentales, souvent réalisées en public lors de performances spectaculaires, associent des graphismes calligraphiques à des titres inspirés de l’histoire de France, en particulier du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, renouvelant la tradition de la peinture d’histoire par des moyens abstraits. Mathieu réalise des performances publiques, peignant de grandes toiles en un temps limité devant un public. En 1956, au théâtre Sarah-Bernhardt à Paris, il crée une toile de 12 mètres sur 4 en utilisant plus de 800 tubes de peinture devant 2000 spectateurs. Cette tension entre forme libre et référent historique caractérise profondément son œuvre.
Georges Mathieu, fidèle à sa démarche lyrique et spontanée, choisit des titres qui confèrent à ses tableaux une aura symbolique ou intellectuelle, en contraste marqué avec leur exécution gestuelle. Certains font référence aux mathématiques (Théorème d’Alexandrov), à la physique (Principe de Pauli) ou à la logique (Grand syllogisme conjonctif), mais la plupart évoquent des épisodes ou des figures historiques, souvent issus de l’histoire française ou européenne : La Bataille de Bouvines, Les Capétiens partout, La Bataille de Hastings, Le Massacre de la Saint-Barthélemy, L’Élection de Charles Quint, etc. Plutôt que d’attribuer un simple numéro à ses toiles, Mathieu opte pour des références, notamment historiques, parfois gratuites, mais toujours potentiellement évocatrices.
Artiste inclassable, Mathieu a investi tous les supports modernes : affiches pour Air France, logo d’Antenne 2, trophée des "7 d’or", pièces de monnaie ou médailles, comme les célèbres "Dix-huit moments de la conscience occidentale" (1971). Son design de la pièce de 10 francs (1974), diffusée à des centaines de millions d’exemplaires, illustre sa volonté d’inscrire l’art dans la vie quotidienne.
Personnalité controversée, critiquée pour son goût du spectaculaire, il revendiquait néanmoins son rôle public et médiatique, se qualifiant lui-même de "peintre le plus rapide du monde" . Dans les années 1980, alors que l’art conceptuel domine la scène, il poursuit une œuvre libre, influencée par l’esthétique zen et marquée par une mélancolie crépusculaire.
En 1998, il publie "Désormais seul en face de Dieu", un autoportrait esthétique et spirituel composé de documents de et sur lui rassemblés par lui-même.
Aujourd’hui, Georges Mathieu apparaît comme un pionnier de la performance artistique, un pont entre art savant et culture populaire et une figure majeure du geste pictural moderne.

Georges Mathieu peignant L’"hommage au Connétable de Bourbon, auteur du sac de Rome"
Fleischmarkt Theater, Vienne, 2 avril 1959
Fleischmarkt Theater, Vienne, 2 avril 1959
Le dossier de présentation de l'exposition
Commissariat : Christian Briend, conservateur général du patrimoine et chef du service des collections modernes du Centre Pompidou
Éric De Chassey, directeur général de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA)
Béatrice Coullaré, responsable de la conservation et des collections de la Monnaie de Paris