"En 1951, Alechinsky s'installe à Paris et étudie la gravure sous la tutelle de Stanley William Hayter. C'est à cette époque qu'il découvre la calligraphie japonaise, entamant une correspondance avec le maître calligraphe Shiryu Morita.
Cette rencontre influence durablement son œuvre, l'incitant à intégrer la fluidité et la spontanéité de la calligraphie orientale dans ses propres créations.
Alechinsky devient un amoureux du papier, appréciant ses différentes textures et la manière dont il réagit à l'encre, au crayon et à l'aquarelle. Selon l'écrivain Yves Peyré, son art du dessin est une confession, une empreinte magique sur la surface envoûtante du papier, révélant à la fois aveux et discrétion.
Parmi les innovations marquantes d'Alechinsky, les "remarques marginales" introduites en 1965 avec l’œuvre "Central Park" se distinguent particulièrement. Inspiré par les esquisses que les graveurs réalisaient en marge de leurs plaques de cuivre, Alechinsky commence à encadrer ses figures centrales avec de petits dessins, créant un dispositif pictural unique. Cette technique, qui marie dessin et peinture tout en gardant le papier comme support, attire et retient le regard, tout en délimitant et protégeant l'œuvre principale.
Pour Alechinsky, l'acte de création est essentiel : "Le tout est de s’y mettre, même sans savoir par où commencer. C’est ça peindre. Il faut faire. Ensuite, vient la lecture du premier trait". Cette philosophie de la création, où l’action précède la réflexion, résume parfaitement l'essence de son œuvre."
Chantal Colleu-Dumond, Commissaire des expositions et installations d’art contemporain du Domaine de Chaumont-sur-Loire.