Né en 1943 dans l’Illinois, installé à Harlem, un quartier de New York devenu l’épicentre d’une création traversée par les luttes et l’engagement social, David Hammons tisse depuis les années 1970 une œuvre furtive et subversive, en marge du monde de l’Art, multipliant les performances, les dispositifs éphémères et les peintures faites d’empreintes de corps et d’objets mis au rebut...
Aiguillonné par le racisme ordinaire et le statut des afro-américains dans la société américaine, marqué par l’Arte povera, Hammons, génie de l’assemblage précaire et de l’infime, recycle les objets glanés dans le quotidien en convoquant de savantes références à l’histoire de l’art… Ces trouvailles, dérisoires bric-à-brac, errances, protestations politiques, braquent une lumière crue sur la misère d’Harlem, spolié de sa culture originale – le jazz – par le consumérisme.
Passionné par le jazz, par la question de la composition musicale et de l’improvisation, l’artiste évoque ainsi sa posture au sein du monde de l’art : "C’est comme être blanc dans le monde du jazz, comme Chet Baker ou Gerry Mulligan. Ils avaient confiance. Je me nourris de la confiance de grands du jazz comme eux".
Attentif à l’infime, Hammons revendique la richesse créatrice du manque : "Si tu es dans la pauvreté, que tu l’apprécies et que tu en ris, alors tu n’as d’allégeance vis-à-vis de personne et tu es plus libre".
Commissariat : Elena Filipovic.