La Conciergerie, Paris
4 octobre 2024 – 5 janvier 2025


Les thématiques abordées dans cette séquence touchent au sacré, au divin. L’histoire, le patrimoine immatériel, les déités et leur cosmogonie constituent autant de sources d’inspiration et de champs d’exploration pour ces artistes messagers.

Comment dire et rendre visible l’invisible ?

Cyprien Tokoudagba, Yves Apollinaire Pèdé, Ludovic Fadaïro et Dominique Gnonnou « Kouas » apparaissent ici comme les guides et les gardiens qui possèdent les clés permettant l’accès à un monde de figures mythologiques, de signes initiatiques, de symboles poétiques où foisonnent dieux, déesses, rois et reines issus de temps immémoriaux.

Épaphras Dégnon Toïhen se saisit de cet héritage et établit un pont mémoriel entre un monde des vivants et un royaume ancien, peuplé des murmures d’un règne oublié qu’Euloge Ahanhanzo-Glèlè se plaît à ressusciter. Cette séquence offre une sélection d’oeuvres qui explorent, dans un aller-retour entre passé et présent, les figures historiques, les esprits et les ancêtres qui jalonnent les mémoires et nourrissent les imaginaires. Les artistes rendent corps et donnent vie aux mythes et légendes en leur accordant une matérialité et en les inscrivant dans une historicité. La figuration du féminin, dans ses attributs magnifiés, est l’une de ses lignes de force.

Sous les outils de Dominique Zinkpè, d’Ishola Akpo, de Laeïla Adjovi, de Rémy Samuz, les femmes sont tour à tour guerrières, princesses, reines, femmes de pouvoir, anges et déesses. La place que leur confèrent les artistes est celle des "passeuses de mémoire et d’histoire".

La femme devient ainsi le lien entre le passé, le présent et le futur.

Cette vision noble et déifiée de la femme l’installe dans une position identique à celle de Lègba, avec pour mission non seulement de construire à notre bénéfice des moyens de médiations efficaces en direction des ancêtres et des dieux, mais aussi de contribuer à mieux réhumaniser notre monde. L’introspection est au coeur de cette séquence. Les questions que se posent les artistes qui la composent sont de l’ordre de l’existentiel.

Il y a dans ces questionnements des inquiétudes sur le devenir de l’Homme et sur ses projections vers des horizons meilleurs, sur l’hybridation dont il est l’objet et sa quête identitaire, qui ne peuvent s’opérer sans transgression.

Notre identité est toujours en construction. Elle s’empare des éléments que nous fournit le contexte dans lequel nous vivons, mais s’enrichit également des apports de notre passé, de nos histoires multiples, des mythes et légendes qui ont façonné notre monde.

Les dieux, anciens ou nouveaux, les personnages aux allures de cyborg de Gérard Quenum, les robots afro-futuristes d’Emo de Medeiros ou encore les ombres vaporeuses de Sènami Donoumassou donnent la mesure de l’Homme que nous sommes en devenir. Un hybride qui se partage entre l’humain, la machine et le divin.


Georges Adéagbo, Laeïla Adjovi, Ishola Akpo, Euloge Ahanhanzo-Glèlè, Eliane Aïsso, Edwige Aplogan, Aston, Youss Atacora, François Aziangué, Moufouli Bello, Sébastien Boko, Charly d’Almeida, Emo de Medeiros, Sènami Donoumassou, Kifouli Dossou, Stevens Dossou-Yovo, Ludovic Fadaïro, Dimitri Fagbohoun, Meschac Gaba, King Houndékpinkou, Nobel Koty, Dominique Gnonnou Kouas, Marcel Kpoho, Eric Médéda, Roméo Mivekannin, Fabrice Monteiro, Louis Oké Agbo, Thierry Oussou, Yves Apollinaire Pèdé, Gérard Quenum, Rémy Samuz, Julien Sinzogan, Hector Sonon, Tchif, Epaphras Dègnon Toïhen, Cyprien Tokoudagba, Prince Toffa, Julien Vignikin, Didier Viodé, Nathanaël Vodouhè, Ponce Zannou, Dominique Zinpkè !


Commissariat : Yassine Agnikè Lassissi, directrice du département arts visuels de l’ADAC, commissaire de l’exposition "Art contemporain du Bénin" à Cotonou, Rabat, Fort-de-France et commissaire associée du pavillon du Bénin à la Biennale internationale d’art de Venise en 2024
Emmanuel Daydé, historien de l’art et commissaire de l’exposition Ousmane Sow sur le Pont des arts en 1999 et du Pavillon de Madagascar avec Joël Andrianomearisoa à la Biennale de Venise en 2019.


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