Les corps christiques dessinés, affichés et photographiés au milieu d’activités profanes par Ernest Pignon-Ernest, puis recontextualisés dans le cadre de la scénographie du Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice, nous invitent moins à une désacralisation du monde qu’à un déplacement de la hiérarchie des normes sociales.
Les mêmes attitudes photographiées au quotidien nous apparaissent parfaitement indécentes. Effaçant la mise à distance inhérente au procédé artistique, la photographie n'est plus que violence, sarcasme et voyeurisme. Ces images de corps déchus sont obscènes, étymologiquement hors-scène, hors du champ de la représentation.
Tel est le propos d’Ernest Pignon-Ernest. Par la magie du dessin, déplacer le hors-scène au centre de la scène - révéler, étymologiquement faire connaître ce qui était masqué - une tragédie reléguée aux marges des représentations sociales par la délicatesse ou la décence, masques de l'indifférence ou du mépris.
La photographie a-t-elle d’autres alternatives que l’obscénité et la violence, pour faire émerger réel ?