Comme la France des années 60, la Chine contemporaine s’est engagée dans une modernisation à marche forcée, aujourd’hui théorisée comme "la grande renaissance de la nation chinoise". Relèvement rapide du niveau de vie de la population, sécurité alimentaire, modernisation des activités industrielles et de l’agriculture, développement des industries d’exportation accompagnent une politique de grande puissance.
Et comme dans la France des années 60, cette modernisation passe par la dissolution des liens entre populations et territoires, la consumérisation des rapports sociaux, la dépréciation des particularismes et des identités traditionnelles, la dévaluation des savoirs coutumiers, le refoulement des mémoires, la disparition de tout passé et de toute attitude jugés politiquement incorrecte.
La politique de modernisation appuyée sur une puissance industrielle inouïe et la marchandisation des rapports sociaux réussit l'exploit d'effacer toute trace du passé de façon plus efficace et systématique que les errements idéologiques des époques précédentes.
Dans ce grand processus de reconstruction en cours, que restera-t-il de la mémoire de ce grand peuple ?